Le Bureau Politique National de la CNAS-Faso Hèrè (Convention Nationale pour une Afrique Solidaire) condamne avec la dernière rigueur le coup d’Etat militaire perpétré le 24 janvier 2022 au Burkina Faso contre un Président et un régime civils démocratiquement élus.  

     Cette nouvelle irruption brutale des Forces Armées et de Sécurité dans le champ institutionnel politique dans un Etat de notre sous-région ne saurait être une réponse appropriée à l’insécurité créée par les groupes armés terroristes et djihadistes dans les pays du Sahel. Au demeurant, la libération du Commandant de l’ex-Régiment de la Sécurité Présidentielle et la présence d’officiers de cette Force au sein de l’équipe militaire qui vient de prendre la lourde responsabilité de suspendre la Constitution en mettant en cause les acquis démocratiques et populaires de 2014 et 2015 dans le pays des hommes intègres ne sont pas nécessairement de bon augure pour le retour rapide et durable de la sécurité dans les pays de notre sous-région.

    Le silence assourdissant de l’ex-puissance coloniale plus de 24 heures après le coup de force militaire de Ouagadougou en dit long sur sa responsabilité et son incapacité face à l’expansion géographique du terrorisme et du djihadisme alors même qu’elle affirme concentrer ses efforts sur la zone dite des trois frontières.

    Quant à la CEDEAO, elle démontre une fois de plus son incapacité presque congénitale à conjurer les coups de force militaires – aussi bien que les tripatouillages visant à sauter le verrou constitutionnel de la limitation des mandats présidentiels- nonobstant ses menaces tonitruantes de mobilisation de sa Force en attente     

    Les tristes et graves évènements du 24 janvier 2022 intervenus au Burkina Faso illustrent, une fois de plus, l’extrême fragilité de nos Etats et des institutions républicaines, la vacuité de la hiérarchie et de la chaîne de commandement militaires, l’extrême frilosité de la société civile et des Partis politiques, y compris ceux regroupés au sein des majorités dites présidentielles, face aux assauts armés contre les institutions démocratiques et la Constitution.

   En outre, ils rappellent l’importance cardinale du principe sacro-saint de subordination de l’autorité militaire à l’autorité civile et l’urgente nécessité de cultiver et de renforcer l’esprit républicain au sein de nos Forces Armées et de Sécurité pour conjurer le risque réel qu’elles ne se transforment en Armées prétoriennes promptes à s’accaparer d’un rôle d’arbitre qui n’est pas le leur dans le jeu politique. Ce danger est d’autant plus périlleux et pernicieux pour nos Etats lorsque ceux-ci deviennent des enjeux dans les rivalités entre puissances régionales ou extra africaines.   

    Enfin, en ayant en mémoire les années 1960 et 1970 qui ont vu une épidémie de putschs déferler sur la plupart des Etats de notre sous-région voire au-delà, coups de force militaires présentés abusivement à l’époque comme visant à doter le Sahel d’Etats forts pour faire face à la sécheresse, et tirant précisément les leçons de ces décennies de plomb, il importe que nos Peuples ne succombent pas aux chants de sirène présentant un régime militaire comme étant plus apte à relever les défis économiques, sociaux et sécuritaires de nos Etats que des régimes civils. Dans les systèmes démocratiques, même ceux perfectibles comme ceux dont nos pays se sont dotés, souvent au prix des larmes, de la sueur et du sang dans le sillage du vent dit de l’Est, les contreperformances en matière de gouvernance, y compris sécuritaire, doivent être sanctionnées par les urnes, quitte à en renforcer la transparence, mais pas par les armes.  

   La Direction Nationale du Parti de l’avant-garde militante et révolutionnaire du Peuple malien invite l’ensemble des forces patriotiques, progressistes, républicaines, démocratiques et panafricanistes à redoubler de vigilance et d’ardeur pour la défense de l’ordre constitutionnel, des institutions et des acquis démocratiques, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté intérieure et extérieure de nos Etats dans l’esprit de l’intégration régionale et de l’unité africaine si chères aux Pères de l’Indépendance.   

                         Le Mali pour tous, des chances égales pour chacun/chacune !

                         Bamako, le 25 janvier 2022

                         Pour le Bureau Politique National de la CNAS-Faso Hèrè

                         Le Secrétaire Général

 

                          Soumana Tangara