Le Bureau Politique National de la CNAS-Faso Hèrè condamne avec la dernière vigueur la tentative d’enlèvement de M. Housseyni Amion Guindo, le leader de la Codem et Président en exercice du Cadre des Partis Politiques pour une Transition Réussie. Qu’il s’agisse d’un acte crapuleux de droit commun ou d’une manœuvre à motivations politiques, ce grave évènement dénote une atmosphère politique et sociale de plus en plus délétère dans laquelle plonge notre cher pays, le Mali, où la violence verbale et les menaces à peine voilées de violence physique contre tous ceux qui refusent d’enfourcher la trompette des chantres de la Restauration anti-26 mars 1991 deviennent légion sur les ondes et les réseaux sociaux. En tout état de cause, il revient aux pouvoirs publics non seulement d’assumer leurs responsabilités régaliennes en matière de sécurité des citoyens et de leurs biens, mais aussi de diligenter une enquête indépendante permettant de retrouver et de présenter devant la justice les auteurs et commanditaires de cet odieux acte qui ne saurait rester impuni.

     La CNAS-_Faso Hèrè note avec beaucoup de regret que c’est aussi le moment choisi par les autorités pour tenter de remettre en selle, tout comme l’avaient tenté l’Accord antinational d’Alger de mai 2015 et le projet démocraticide avorté de révision constitutionnelle de 2017, de soit disant ‘’légitimités traditionnelles et religieuses’’ abusivement présentées comme incarnation et dépositaires de nos valeurs de dignité, de patriotisme, de droiture, de dévouement à la cause du Peuple et d’attachement à la vérité, toutes affirmations hasardeuses qu’ont éloquemment démenties les propos dithyrambiques de ce chef de village prétendant contre toute évidence que la sécurité règne dans sa région.

    C’est l’occasion de rappeler que, notre pays ayant subi plusieurs vagues successives ou concomitantes d’invasions, de soumission à la traite inhumaine des esclaves et de colonisation par des forces extérieures ayant chacune installé ou adoubé ses «chefs’’ traditionnels souvent d’origine étrangère comme autant de suppôts et de relais de leur pouvoir et de leur système d’exploitation et d’oppression des populations, rares sont les ‘’autorités traditionnelles et religieuses’’ qui peuvent se prévaloir d’une légitimité historique certaine.

     Plus récemment encore, à de rares exceptions près, la plupart de ces soit disant ‘’légitimités traditionnelles’’ ont appuyé la colonisation en se rangeant dans le camp opposé à la lutte héroïque de notre Peuple pour arracher son indépendance et sa souveraineté et en nourrissant les velléités séparatistes dans le Septentrion de notre pays. Il n’est point étonnant que les forces patriotiques finalement victorieuses des compétitions politiques et électorales en 1957, en 1959 et en 1960, aient à juste titre supprimé la chefferie traditionnelle héritée de la féodalité ou de l’esclavage et largement complice de la colonisation  d’une part, en y substituant une institution démocratique en la forme de conseils de villages ou de fractions élus élisant en leur sein un chef de village ou de fraction et d’autre part, en adoptant une loi interdisant la tenue de réunions ou de propos politiques sur les lieux de culte.

      Il n’est pas sans intérêt de noter que c’est seulement à la suite du coup d’Etat antinational du 19 novembre 1968, inspiré par l’ex-puissance coloniale et ce ‘’Sage de l’Afrique » qui, déjà même avant l’Indépendance, avait menacé le Président Modibo Keïta de le ‘’liquider au Soudan en mobilisant contre lui ces chefferies traditionnelles et religieuses’’, que ces forces largement obscurantistes exploitant pour la plupart la misère et le désarroi des couches populaires ont été remises en selle. De longues années durant, elles se sont rangées du côté de la dictature du CMLN/UDPM sur le dos du Peuple. Seules de rares voix provenant d’une confession religieuse minoritaire ont eu le courage de se faire l’écho de la misère de la majorité opprimée dans les enceintes officielles.

    Au demeurant, il y a lieu de noter qu’il existe une corrélation positive entre l’intrusion de ces soit disant « légitimités traditionnelles et religieuses » dans le champ institutionnel politique et la déchéance de l’Etat républicain et de son autorité.

     Enfin, la République est à l’antipode du pouvoir héréditaire. Vouloir remettre en selle de soit disant « légitimités traditionnelles et religieuses », y compris celles hostiles à la laïcité de l’Etat, ce principe cardinal inscrit tant dans la Constitution du 22 septembre 1960 que dans celles du 2 juin 1974 et du 12 janvier 1992, revient donc à violer la Constitution et à tenter de faire faire marche arrière à la Roue de l’Histoire, une œuvre impossible nonobstant les inévitables vicissitudes de celle-là.

       Parti de l’avant-garde militante et révolutionnaire du Peuple malien, la CNAS-Faso Hèrè engage l’ensemble des forces politiques et sociales progressistes, républicaines, démocratiques et panafricanistes à redoubler de vigilance et de détermination pour défendre et faire prévaloir les valeurs et les acquis du 22 septembre 1960, du 20 janvier 1961, du 25 mai 1963 et de la Révolution Démocratique et Populaire du 26 mars 1991, notamment la Constitution du 12 janvier 1992 et les principes et libertés démocratiques qu’elle consacre.

 

                     Le Mali pour tous, des chances égales pour chacun/chacune !

 

                                                           Fait à Bamako, le 15 novembre 2021

 

                                                               Pour le Bureau Politique National   

                                                            Le Secrétaire Général

 

 

                                                             Soumana Tangara