Le Bureau Politique National de la CNAS-Faso Hèrè (Convention Nationale pour une Afrique Solidaire) s’est réuni en session ordinaire le jeudi 27 mai 2021 à son Siège national sis à Hamdallaye, Bamako. Après une analyse approfondie de la situation politique issue des évènements du 25 mai 2021, tout en condamnant ce cinquième coup d’Etat militaire intervenu dans notre pays depuis l’Indépendance, prenant note avec soulagement de la libération des responsables politiques et tout en reconnaissant que le régime en place depuis Aout/Septembre 2020 n’avait démontré aucune capacité particulière à remettre le Mali sur une trajectoire visible et fiable vers le rétablissement de l’ordre constitutionnel, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale ou des pistes de réformes structurelles favorisant le progrès socioéconomique , a abouti aux principales conclusions suivantes :

  1. Les évènements du 25 mai 2021 sont la conséquence de luttes d’influence, de règlements de comptes et d’un bras de fer entre clans rivaux du régime au pouvoir au Mali par effraction depuis Aout/Septembre 2020. Ils représentent une nouvelle manifestation de l’épée de Damoclès que le Prytanée militaire, l’ex-Ecole des Enfants de Troupes coloniales de Kati, fait planer sur les institutions de l’Etat et l’avenir de la Nation tout en contribuant à une sorte de banalisation du coup d’Etat alors même que la Constitution en fait un crime imprescriptible contre le Peuple malien;
  2. Ils sont aussi la conséquence du coup d’Etat du 22 mars 2012, lequel n’a pas été pour ainsi dire purgé et dont des éléments clé ont favorisé l’accession au pouvoir du régime issu des élections générales de 2013, occupé des postes stratégiques dans les domaines tant politiques, administratifs que militaires, bénéficié de la complaisance des pouvoirs publics pour échapper à la justice, et participé activement au coup de force du 18 aout 2020.
  3. Tout comme le renversement violent des institutions intervenu en 2020, les évènements du 25 mai 2021 illustrent la fragilité extrême de l’Etat et l’inanité de la chaîne de commandement des Forces Armées et de Sécurité;
  4. Les intérêts réels du Peuple malien sont le dernier des soucis des protagonistes de ce troisième putsch militaire en neuf ans alors même qu’il risque de faire les frais d’éventuelles sanctions prises sur un plan bilatéral ou multilatéral par la communauté sous-régionale ou internationale. Dans cet ordre d’idées, toute sanction régionale ou internationale éventuelle devrait être conçue et calibrée de manière à épargner le peuple déjà fortement éprouvé ;
  5. Les groupes politiques et politico-religieux qui ont, souvent en termes à peine voilés, appelé au coup d’Etat en exploitant le malaise économique et social des populations alors même que la Constitution offrait des pistes crédibles de solution sont coresponsables de l’imbroglio politico-institutionnel dans lequel le pays est plongé du fait du coup de force du 25 mai 2021 ;
  6. La mansuétude coupable manifestée par l’Union Africaine et certains partenaires historiques de l’Afrique à l’égard de l’usurpation du pouvoir par les Forces Armées au Tchad a sans doute incité le leader du putsch du 18 aout 2020 à franchir le Rubicon ;
  7. La CEDEAO a un palmarès peu glorieux en matière de neutralisation, a fortiori de prévention de coups d’Etat ou de manœuvres de maintien au pouvoir par des manipulations constitutionnelles.
  8. Des indices incitent à penser que le coup d’Etat du 25 mai 2021 a probablement des ramifications internationales, d’où l’impérieuse nécessité d’éviter que le Mali ne devienne un nouveau champ clos de rivalités entre puissances extra-africaines exploitant la faiblesse et le manque de vision et de vigilance du leadership aux commandes de l’Etat.

En tout état de cause, le Bureau Politique National du Parti de l’Avant-garde militante et révolutionnaire du Peuple malien réitère son ferme attachement aux principes sacrosaints de non immixtion des Forces Armées et de Sécurité dans le champ institutionnel politique et de subordination de l’autorité militaire à l’autorité civile légalement et légitimement constituée.

La CNAS-Faso Hèrè attire l’attention des Forces Vives de la Nation sur l’impérieuse et urgente nécessité d’une refondation des Forces Armées et de Sécurité en vue d’en faire une Force véritablement républicaine, professionnelle, respectueuse de la Constitution et au service du Peuple et de son Etat démocratique.  

Le Mali pour tous, des chances égales pour chacun!

Fait à Bamako, le 27 mai 2021

Pour le Bureau Politique National de la CNAS-Faso Hèrè

Le Secrétaire Général

 

L’Ingénieur Soumana Tangara